France - Italie : 0-2 !

Scandale politico-sexuel - Berlusconi, le chaud latin, pris au collet

Patrick Meney 01/11/10 à 07h12

Silvio Berlusconi est un chaud lapin, et il l’assume. Au centre d’un nouveau scandale politico-érotique, pour se défendre, il revendique publiquement son droit à une sexualité débridée.

Silvio Berlusconi s'est justifié à sa manière vendredi 29 octobre, en marge du sommet européen Sipa « Oui, j’aime les femmes… et je ne changerai pas », l’aveu est lancé en plein milieu d’une conférence de presse, en marge du Conseil européen, vendredi à Bruxelles. Il est comme ça, Silvio Berlusconi. Il aurait pu nier, comme le fit Bill Clinton démentant (bêtement) avoir eu des relations sexuelles avec sa stagiaire Monica Lewinski.
Berlusconi, lui, avoue, et il en rajoute : « En tant que Premier ministre, j’ai une vie terriblement éprouvante. Je travaille jusqu’à deux heures et demie du matin. Je recommence à sept heures, même le dimanche. J’ai besoin de temps en temps de soirées distrayantes pour tenir mentalement, pour me laver le cerveau. Cela fait partie de ma personnalité. On ne me fera pas changer. » Et comme il est divorcé (pour cause d’infidélités chroniques, certes), dans son esprit, la morale est sauve.
Il est vrai que les Italiens lui ont longtemps pardonné ses frasques. Parfois même, ils s’en amusaient. Mais cette fois, le sex-appeal de Silvio risque de se transformer en « sexe à piège ». Que Berlusconi organise des soirées libertines chez lui, l’Italie lui pardonne. Qu’une ravissante Marocaine de 17 ans, Karima, donc mineure, y ait assisté, l’Italie pourrait presque fermer les yeux, puisqu’elle affirme « n’avoir jamais couché avec lui ». Promis juré ! Mais que Berlusconi fasse pression sur un policier et sur un juge pour tirer d’affaire cette même jeune fille arrêtée pour vol et l’Italie crie au scandale. L’opposition et les éditorialistes se déchaînent.
La bunga-bunga


Que s’est-il réellement passé ? Berlusconi l’avoue aisément, presque avec délectation : oui, il organise des soirées libertines chez lui. Oui, il connaît la jeune Marocaine, Karima Keyek, 17 ans seulement, mais déjà un physique de « femme fatale ». Oui, il l’a conviée chez lui, une seule fois, et en tout bien tout honneur. La jeune fille, elle, raconte que Silvio Berlusconi et ses invitées s’y adonnaient à un rite, dont le nom sonne comme une danse exotique : la bunga-bunga. Sa chorégraphie est assez simple à retenir : prenez un Premier ministre italien, placez-le au milieu de dix jeunes filles nues et agitez le tout pour permettre « des relations annales », comme l’écrit crûment le très respectable quotidien La Repubblica. D’après la presse italienne, c’est Mouammar Kadhafi, le numéro un lybien, qui aurait soufflé la bunga-bunga à l’oreille de Berlusconi… qui en rit encore, « tellement cette fable paraît ridicule ».
En revanche, ce qui ne fait plus rire Silvio Berlusconi, ce sont les proportions qu’a prises l’affaire. Désormais, c’est une affaire d’Etat. L’opposition réclame la démission du Premier ministre, que l’on appelle ici le président du Conseil. La gauche italienne n’est pas choquée par la bunga-bunga (« c’est sa vie privée ! »), mais elle accuse Berlusconi d’avoir commis « un inacceptable abus de pouvoir », « une faute politique impardonnable », en intervenant directement auprès de la police et de la Justice pour sortir sa petite protégée Karima d’une mauvaise… passe.
Allô, Silvio ?


En effet, quelques semaines après sa soirée berlusconienne, Karima s’est retrouvée au commissariat de police de Milan, accusée de vol. Pour échapper à une garde à vue et à une mise en examen, l’innocente jeune fille a eu une idée lumineuse : devant les policiers, elle a tout simplement téléphoné au Premier ministre, son ami Silvio Berlusconi, dont elle avait le numéro de portable. Et lui a eu une très mauvaise idée : il a appelé directement le commissariat de police, à 2 heures du matin, pour faire libérer la jeune fille, en prétendant – cerise sur le gâteau – qu’elle était la… nièce du président égyptien Hosni Moubarak. En réalité, son père n’est qu’un modeste marchand de tomates marocain.
Quelques minutes après l’intervention téléphonique de Berlusconi, une de ses amies, Nicole Minetti, 25 ans, physique de Miss, passé de « coco girl » et récente élue politique, se présentait au commissariat pour tirer d’affaire la petite voleuse. On aurait pu en rester là si l’histoire n’avait pas été révélée par le très influent Corriere della Sera.
Noémie, la maîtresse de trop : elle a provoqué le divorce de Silvio Berlusconi

Aussitôt, les partis de l’opposition ont dénoncé une « pression inadmissible de Berlusconi » sur la police et une « ingérence inacceptable sur le terrain de la justice ». Une motion de censure doit être présentée dès mercredi au Parlement pour tenter de renverser Berlusconi.
Cette fois, ses opposants ne lâcheront pas prise. Oubliée la crise économique : à l’issue du Conseil européen réunissant vingt-sept chefs d’Etat, jeudi et vendredi à Bruxelles, les questions à Berlusconi ont porté exclusivement sur… Karima. Et là, Berlusconi a bluffé tout le monde : « Je suis quelqu’un de joyeux, qui aime la vie. Je ne renoncerai pas à mes soirées divertissantes. » Les journalistes ne sont pas encore revenus d’une telle franchise. Certes, il a nié avoir eu des relations sexuelles avec la très jeune Karima. Il a également démenti lui avoir offert une voiture et des diamants, contrairement aux affirmations de certains journaux. Mais côté sexe, il persiste, expliquant que, chez lui, l’érotisme est une question… de santé mentale. Vous avez dit santé mentale ? L’hebdomadaire catholique Famiglia cristiana (Famille chrétienne) s’étouffe à la une : « Le Premier ministre est un malade incontrôlable. » Quant aux organisateurs de la Conférence sur la famille, qui s’ouvrira le 8 novembre à Milan, ils ont déjà fait savoir que « Silvio Berlusconi, en tant que modèle familial, n’est peut-être pas le mieux placé pour inaugurer une telle manifestation ».
« Il était très doux »


Dans un pays où tout le monde se fait appeler l’avvocato – l’avocat –, Silvio Berlusconi n’en trouve plus guère pour le défendre, à part justement la belle Karima. Sur une page entière, elle explique à La Repubblica : « C’est le premier homme qui n’a pas cherché à me mettre dans son lit. Il s’est comporté comme un père, mieux que mon propre père. » Elle aurait dû s’arrêter là. Mais elle a cru bon d’ajouter : « Il m’a accueilli à bras ouverts dans sa maison. Il a été doux, très doux avec moi. Il a dit qu’il m’aiderait à obtenir un permis de séjour. » Et puis : « Quand je lui ai avoué que je n’avais que 17 ans, il m’a dit qu’il avait déjà eu d’énormes ennuis dans le passé avec ce genre de choses. Il ne fallait pas que ça recommence. Il m’a dit au revoir, gentiment mais fermement. Il m’a donné de l’argent, 7. 000 €, et un collier de diamants. Il m’a dit que je lui plaisais. Lui aussi, il me plaisait. Et pas seulement à cause de l’argent. » Parfois, les avocats parlent trop…